Judith Bellavance
à Cap-Chat
Exposition
DES NOUVELLES DE HOPE
ET AUTRES MICRO-FICTIONS
Judith Bellavance, Montréal (Québec) | judithbellavance.com
« Que ce soit dans mon travail de peintre ou celui de photographe, c’est l’élaboration d’un langage poétique à la manière de “micro-fictions” qui m’intéresse. »
« Dans les deux cas, je suis animée par la passion de l’objet individuel tout autant que par le plaisir de la collection. C’est d’ailleurs cette passion qui m’a conduite de la peinture à la photographie. Au fil des ans, ce détour par la photographie est passé progressivement d’une succession d’images à une œuvre en soi. Un nouveau registre est issu de la rencontre et de l’interpénétration des deux disciplines, sans toutefois que celles-ci ne fusionnent.
« Mon travail de création part d’un désir de montrer et de raconter tout à la fois. Ce désir prend forme dans les « objets » que j’inscris dans une relation fragmentaire, d’abord entre eux puis au monde. Dans chaque œuvre, je tente de mettre en évidence un lien de proximité aussi bien qu’une vision de l’altérité pour raconter une histoire en soi. Mes œuvres sont des éclats et des chuchotements, des énigmes ouvertes qui installent une tension narrative irrésolue, en suspens, porteuse de récits potentiels. »
Judith Bellavance
Exposition aux rencontres
DES NOUVELLES DE HOPE
ET AUTRES MICRO-FICTIONS
« Au moyen de la photographie, je peux enrichir mon plaisir de la collection à la cueillette d’images. C’est ainsi que j’ai élargi mon répertoire d’objets réels aux objets bidimensionnels. J’y puise et privilégie le point de vue de la proximité pour aborder les sujets qui me fascinent, soit une réappropriation de manière subjective d’un fragment de réalité objective pour développer ce que j’appelle une “grammaire de l’intime”. Cette grammaire prend la forme de “micro-fictions” ouvertes à la fois sur l’ordinaire et le désir.
« Dans un premier temps, j’aborde et travaille chaque sujet photographique en plans rapprochés avec une grande volonté de dépouillement. L’intention première est de les montrer dans toute la particularité et la complexité de leurs détails. Je cherche à profiter de l’évidence de ces représentations pour accentuer ce qu’elles ont à nous communiquer, c’est-à-dire la charge émotive et poétique de leurs connotations, l’ambiguïté et les dissonances qu’elles recèlent.
« Ensuite, une opération de jumelage, placé sous le signe du détournement, me permet d’exprimer une certaine vision de l’altérité, conçue comme le serait une fiction sans cesse en ébauche. Autrement dit, je propose une sorte d’équilibre dans la disparité pour que ces tandems incertains livrent leur potentiel de dialogue, en créant une temporalité propice à un récit et à un programme narratif ouvert, tissé d’itinéraires et d’histoires à géométrie variable.
« Je m’emploie ainsi à développer cette grammaire de l’ordinaire et du désir. Lieux d’investigation, ces jumelages renvoient à des espaces théâtralisés sans en expliquer les liens. J’aime à penser que ces œuvres pourraient apparaître à la façon de pré-images, ce qui est en cause étant lié aux états, sensations et moments où l’image surgit pour s’imposer à nos sens avant qu’elle ne s’imprime dans la conscience et n’y trouve un sens. Par cette “scénarisation de l’intime”, j’espère guider le regard dans une dérive où la subjectivité est mise en jeu, où les interprétations qui en découlent ramènent à une expérience conjuguée de l’ordinaire et du désir. »
Judith Bellavance